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Révolte à la radio alémanique: touche pas à ma youtze!
PROTESTATIONS
Devant la volonté de la première chaîne DRS 1 de supprimer la musique folklorique des ondes, la vague de contestation des fans de jodle grandit. La politique finit par s’en mêler.
MONIQUE KELLER ZURICH
En Suisse alémanique la révolte gronde. Du Bodensee au lac des Quatre-Cantons, les amateurs de Schwyzerörgeli, clarinette et
Hackbrett s’unissent pour crier au scandale. La raison? «Leur» radio, la DRS 1, le pendant alémanique de la Première, a décidé de supprimer de son programme la musique folklorique au profit de la chaîne Musigwälle. Six émissions, dont Schwiizer Musig et Fiirabigmusig
passent ainsi à la trappe dès l’année prochaine. Le jodle et la youtze disparaîtront également de la programmation musicale entre les émissions.
Annoncée en plein mois d’août, cette «délocalisation» n’a suscité d’abord que peu de remous. Mais depuis une dizaine de jours, associations, musiciens et auditeurs montent aux barricades pour défendre leur musique. C’est une véritable fronde qui déferle sur le pays. Et ce, malgré l’annonce du renforcement de la chaîne spécialisée qui ne diffusera que du Ländler.
Car il y a un hic: Musigwälle ne sera pas diffusée par les airs. Pour capter cette «onde musicale », il faudra passer par le câble, Internet ou encore par la radio digitale DAB (Digital Audio Broadcasting). Des technologies encore peu accessibles dans certaines régions périphériques et surtout à une grande majorité d’amateurs d’airs champêtres: des auditeurs plus âgés, pas forcément à la pointe de l’évolution technologique.
«C’est une manière de mettre la musique populaire au ban», déplore dans la Neue Luzerner Zeitung le pape de la youtze Sepp Trütsch. «Ainsi reléguée, elle aura beaucoup moins de poids», s’emporte Hanspeter Gautschin, à la tête d’une communauté d’intérêt pour la défense de la musique populaire. Si la direction de la radio alémanique s’entête, alors il lancera une initiative. D’autre «people», comme le chanteur Schacher Sepp, appellent les quelque deux millions d’auditeurs à boycotter la première chaîne alémanique. Message reçu puisqu’à la question: «Trouvez-vous juste que DRS 1 ne diffuse plus de musique populaire?», 71% des lecteurs du Sonntagsblick répondent «Non!».
Opportunisme politique
L’occasion était trop belle pour que l’ UDC ne s’en mêle pas à deux mois des élections. Les conseillers nationaux Schwytzois Peter Föhn et le Lucernois Josef Kunz, tous deux démocrates du centre, ont ainsi déposé une motion au parlement contre la volonté de «dépoussiérage » de DRS 1. D’autres personnalités politiques comme le conseiller national radical Filippo Leutenegger, ou le socialiste Mario Fehr, se disent, dans un élan de solidarité plus ou moins opportuniste, prêt à soutenir cette action.
Le dernier coup de boutoir vient de la Commission parlementaire des transports et de la télécommunication. Estimant que la musique folklorique fait partie de la culture populaire qui a sa place sur une chaîne de service public, elle exhorte Armin Walpen, directeur général de SSR idée suisse, et Walter Rüegg, directeur des radios alémaniques, de s’expliquer. Pour Christoph Gebel, patron de la DRS 1, le débat a pris une tournure beaucoup trop émotionnelle. Selon lui, les amateurs de folklore gagnent au change: non seulement ils bénéficieront d’une meilleure qualité d’écoute, mais ils auront désormais une chaîne rien qu’à eux.
«C’est une manière de mettre la musique populaire au ban »«NEUE LUZERNER ZEITUNG»
::: Source TDGe :::
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