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Les sénateurs italiens veulent sauver la Fiat 500 de la ferraille
La Fiat 500, célèbre "pot de yaourt" lancé en 1957 et fabriqué à 3 678 000 exemplaires jusqu'en 1975, est l'objet d'un débat passionné au Sénat italien, où devait commencer, mercredi 27 octobre, l'examen d'une proposition de loi déjà baptisée "décret sauve-500".
Le texte, présenté il y a un an par deux parlementaires, l'un de droite, l'autre de gauche, vise à assouplir les conditions de circulation dans les centres urbains pour toutes les voitures d'une cylindrée inférieure à 1 000 cc et de plus de 25 ans d'âge. La 2 CV, la R4 et d'autres véhicules sont donc théoriquement concernés mais, dans l'esprit des sénateurs, une seule compte vraiment : la Fiat 500 de leur jeunesse.
Les auteurs du texte évoquent "un patrimoine mécanique historique à protéger". Ils avancent qu'il s'agit d'une voiture "qui a survécu à peu d'exemplaires et qui a un impact insignifiant sur l'environnement en matière de pollution atmosphérique". L'argument fait bondir les experts de la sécurité routière et les défenseurs de l'environnement. Selon les mesures effectuées par des constructeurs automobiles, une seule Fiat 500 pollue comme 300 automobiles modernes. Même stationnée sur ces coins de trottoir qu'elle affectionne, elle fuit tellement (huile et essence confondues) qu'elle détient le record mondial de ce que les spécialistes appellent des "émissions passives".
Les opposants au projet font aussi valoir que ces voitures, malgré leur bouille sympathique, sont des dangers publics. Elles ne résistent à aucun crash-test au-delà de 20 km/h, et le réservoir d'essence placé à l'avant a toutes les chances d'exploser en cas de choc. Seuls les derniers modèles ont été dotés de ceintures de sécurité, mais vu la taille minuscule des sièges, les experts estiment prudent de ne pas les boucler.
Selon La Repubblica, qui énumère les mille défauts de la vieille dame, la Fiat 500, voiture la plus aimée des Italiens, n'est pas une espèce en voie de disparition, comme le prétendent les sénateurs : "Il en existe encore plus de 600 000 en Italie, toutes circulant dans les centres historiques, précisément là où l'on devrait combattre le plus la pollution."
Parlementaire et président de Legambiente, l'association de défense de l'environnement, Eremete Realacci refuse de céder à la nostalgie : "Malgré toute la sympathie que j'ai pour la Fiat 500, je ne me vois pas approuver cette folle proposition." © Le Monde 2004