Internet: plusieurs artistes signent un appel dénonçant la répression qui touche les adeptes du P2P
PARIS (AP) - Artistes, intellectuels et personnalités politiques ont signé un appel lancé par le «Nouvel Observateur» pour protester contre la «répression» qui touche en France les adeptes des logiciels «peer to peer» qui permettent d'échanger des fichiers sur Internet, une pratique illégale.
»A l'heure où des dizaines d'internautes vont bientôt passer en jugement pour avoir téléchargé des fichiers musicaux sur des logiciels P2P, nous dénonçons cette politique répressive et disproportionnée, dont sont victimes quelques boucs émissaires», soulignent les signataires de ce texte intitulé «Nous sommes tous des pirates».
»Comme huit millions de Français, nous avons, nous aussi, téléchargé un jour de la musique en ligne et sommes donc des délinquants en puissance. Nous demandons l'arrêt de ces poursuites absurdes. Nous proposons l'ouverture d'un large débat public, impliquant le gouvernement, tous les acteurs de l'industrie musicale, tous les artistes, afin de parvenir à une meilleure défense du droit d'auteur, mais aussi les consommateurs afin de trouver ensemble des réponses équitables et surtout adaptées à leur époque».
Parmi les premiers signataires figurent nombre d'artistes: Manu Chao, Matthieu Chedid, Bénabar, Mickey 3D, Keren Ann, Jean-Louis Aubert, Dominique A, Yann Tiersen, Art Mengo, Khaled, ou encore Jeanne Cherhal, Magyd Cherfi (ex-Zebda), Sinclair, Bertrand Burgalat, Didier Wampas et Massilia Sound System.
Selon le site Internet du Nouvel Observateur, l'animateur Ariel Wizman a également signé l'appel, après avoir prêté sa voix à un avertissement lancé aux adeptes du «peer to peer» dans le cadre d'une campagne de sensibilisation sur les risques de piraterie musicale sur le web, annoncée en décembre par le ministère délégué à l'Industrie.
Plusieurs personnalités du monde politique et syndical comptent aussi au nombre des signataires, dont les députés socialistes Ségolène Royal et Christian Paul, les Verts Dominique Voynet et Noël Mamère ainsi que l'ancien porte-parole de la Confédération paysanne José Bové, selon le site web de l'hebdomadaire français.
S'il «partage l'idée que toute campagne de répression aveugle et brutale est non seulement inefficace, mais aussi nuisible à l'ensemble des protagonistes», le ministre délégué à l'Industrie Patrick Devedjian estime que «le concept du tout gratuit est une illusion».
»Tout a un prix. Et les auteurs ont droit à une juste rémunération. Remettre en cause le droit d'auteur, c'est porter atteinte à la création», souligne-t-il dans un entretien diffusé sur le site Internet
http://www.tf1.fr. «Il faut que ces poursuites soient mieux ciblées et concernent prioritairement la toute petite minorité de pirates qui font commerce des téléchargements illicites».
Mercredi, le tribunal correctionnel de Pontoise a condamné à 3.000 euros d'amende avec sursis et près de 10.000 euros de dommages-intérêts un enseignant jugé pour contrefaçon, à la suite du téléchargement sur Internet de près de 10.000 morceaux musicaux. Le ministère public avait requis 1.500 euros d'amende.
La Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique (SACEM), la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP) ainsi que deux autres associations représentant l'industrie du disque s'étaient constituées parties civiles. Elles réclamaient près de quatre fois plus que le montant des dommages-intérêts attribué par le tribunal correctionnel.
Pour l'UFC-Que Choisir, la décision du tribunal «illustre l'inadaptation du droit à l'univers numérique». Dans un communiqué, l'association souhaite que les producteurs de disques sortent «de leur logique purement répressive» et ne fassent plus «obstacle à l'ouverture d'un grand débat national». AP
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